Mardi 21 juin 2011 à 09H21
Le candidat du Front de gauche à la présidentielle a fait sa 1ère sortie à Gémenos
Il se dit plus "porté par un peuple" que "soulagé" et ne feint pas son émotion. Jean-Luc Mélenchon a mis de côté ses habituelles colères et petites méchancetés pour n'afficher que des sourires et de l'énergie positive. C'est que l'ancien socialiste a troqué depuis dimanche son costume élimé de contestataire pour celui, noir et presque neuf, de candidat à la présidentielle. Le premier déclaré à gauche en plus. Et lancé dans le bain du Front de gauche par les communistes qui ont accepté de ne pas avoir de candidat issu de leur rang. Une première depuis 1974.
"Je salue leur décision hors du commun, glisse Mélenchon, en visite hier à Gémenos. Et je m'efforce d'être à la hauteur." Pour sa première sortie sur le terrain de la présidentielle, cortège de caméras et cohue assurée, il fallait un symbole. Ce fut donc Fralib, ses sachets de thé Lipton et Elephant produits dans la zone des Paluds, sa belle mécanique industrielle, ses 182 salariés malmenés par une fermeture promise par le géant Unilever et une délocalisation vers la Pologne. Le terrain idéal pour un Don Quichotte de la mondialisation.
Un début de campagne "symbolique"
"C'est un moment très symbolique pour moi de commencer comme ça, avec des gens qui se battent pour leur dignité et leur emploi." Dans une atmosphère parfumée par les ballots d'orange Jaïpur et de Pomme cannelle, entre les murs tapissés d'affiches syndicales et de slogans résistants, le littéraire Mélenchon est chez lui. Fait la bise aux ouvrières, tape sur l'épaule des camarades de la CGT et ne se prive de discours grandiloquents contre "l'armée des prétentieux qui ne savent pas quoi faire face aux crises qu'ils ont créées."
Lui est un type "simple, tranquille" et se voit volontiers "porte-parole d'une France belle et rebelle. Je rends visibles les invisibles", s'enflamme-t-il à plusieurs reprises, tandis que les machines font défiler les boîtes aromatisées dans un bruit assourdissant. "Je porte dans ce moment la parole de la classe ouvrière, la plus nombreuse et aussi celle qu'on ne voit jamais et au nom de laquelle on parle sans savoir. Ainsi, elle serait vouée à l'extrême droite. C'est l'insulter", lance encore le député européen. L'enjeu est de taille pour la gauche de la gauche, nostalgique de trop lointains scores à deux chiffres et sûre de reconquérir son électorat populaire.
Un appel au rassemblement
"On a toujours escaladé les montagnes avec les doigts, dit-il encore, conscient d'avoir pris de l'avance sur les socialistes et leur primaire "pas à la hauteur du moment de crise. Eux, c'est la gauche hors sol." L'ancien sénateur est affûté et le montre, appelant au rassemblement. Rassurant les siens. "Il s'est mis rapidement dans le bain, note le premier secrétaire départemental du PCF Pierre Dharréville. Son premier geste est un signe fort à l'égard des salariés. On est prêts et remontés derrière lui."
Trois bonnes heures de visite, de bons mots et d'échanges avec les syndicalistes confirment l'enthousiasme. Et une salle déjà chauffée à rouge sous le regard d'un éléphant de papier. "Voilà mon jour de gloire", termine l'ancien trotskiste. Avant de reprendre le train et d'entamer une tournée qui, à ce rythme, devrait le faire terminer sur les rotules d'ici un an.
François TONNEAU